Investir dans l’éducation postsecondaire

La cohésion sociale, l’innovation, la science et la prospérité économique dépendent du maintien d’un secteur de l’éducation postsecondaire vigoureux. Un secteur postsecondaire dynamique crée les connaissances requises pour relever les défis sur la scène nationale et internationale, cultive les talents nécessaires pour favoriser la sécurité économique et contribue à la mobilité sociale, à la création d’emplois décents, à la réduction des inégalités, et à la promotion de la culture et de la démocratie. Le système canadien d’éducation postsecondaire soutient notre démocratie et offre des solutions aux défis actuels et futurs. À l’échelon local, les universités et collèges sont des créateurs d’emplois, des centres culturels et des moteurs économiques régionaux.

Le Canada dispose d’un excellent système, respecté de par le monde en raison du calibre mondial des diplômés et des recherches qu’il produit. Or, ce système est mis à rude épreuve partout au pays. Au cours des dernières décennies, le financement gouvernemental n’a pas suivi le rythme des inscriptions et représente maintenant moins de la moitié de l’ensemble des revenus des universités et collèges. La pandémie a aggravé les problèmes existants et mis clairement en relief l’inadéquation du modèle de financement actuel, dont sa dépendance excessive sur les frais étudiants et les emplois précaires. Les étudiants et leurs familles assument une part toujours plus grande des coûts des hautes études. Les enseignants, les chercheurs et les bibliothécaires font les frais des compressions, et la mission académique des établissements est menacée.

Pour veiller à ce que nos universités et collèges offrent une éducation de qualité, abordable et accessible, aujourd’hui et dans l’avenir, Ottawa doit faire preuve de leadership. L’éducation et la recherche sont des éléments essentiels de l’amélioration de la situation d’après-pandémie, fondée sur la réduction des obstacles à la réussite scolaire des groupes marginalisés et du fardeau d’endettement des étudiants qui accèdent au milieu du travail. L’heure est venue d’adopter une stratégie nationale conjointe à long terme de formation et d’éducation postsecondaire au Canada.

  • En 1990, un peu plus de 80 pour 100 des fonds de fonctionnement des universités provenaient des coffres de l’État. En 2018, ce pourcentage était passé à environ 47. Aujourd’hui, après des années de compressions concrètes du financement gouvernemental, les établissements sont contraints de rajuster leurs budgets en éliminant des emplois, en augmentant les droits de scolarité et en réduisant les programmes.
  • Le dernier montant d’appoint versé aux provinces par le gouvernement fédéral dans le cadre de ses transferts en matière de programmes sociaux afin d’appuyer les coûts de fonctionnement de base des établissements postsecondaires remonte à 2008, et le Fonds d'investissement stratégique pour les établissements postsecondaires était un programme non renouvelable.
  • Au cours de la dernière décennie, les universités ont dû compter de plus en plus sur les droits de scolarité comme source de revenus. Or, l’accroissement des revenus en droits de scolarité serait principalement le résultat d’une part toujours grandissante de la population étudiante internationale. De 2005-2006 à 2018-2019, le nombre d’étudiants étrangers inscrits dans des universités canadiennes a plus que triplé.
  • Durant les deux dernières décennies, la part des revenus totaux des universités canadiennes qu’occupent les fonds et subventions de l’État a chuté, ce qui a occasionné cette dépendance accrue envers les droits de scolarité. À l’échelle nationale, la proportion des revenus tirés des droits de scolarité est passée de 24,7 % en 2013-2014 à 29,4 % en 2018-2019.5
  • En 2017, le Conseil consultatif en matière de croissance économique du ministère des Finances estimait à trois milliards de dollars sur la prochaine décennie le financement supplémentaire nécessaire pour la requalification des adultes en établissement postsecondaire.

Notre solution

Élaborer une stratégie nationale avec les provinces et les territoires afin d’assurer un financement fédéral suffisant et stable qui soutiendra l’éducation postsecondaire.

Les Canadiennes et Canadiens ont besoin d’un partenaire fédéral plus fort en matière d’éducation postsecondaire et de recherche. Le leadership fédéral doit être renouvelé en vue de permettre le renforcement de notre capacité de recherche, l’endiguement des coûts que doivent assumer les étudiants et leurs familles, la réduction des iniquités en matière d’éducation et l’accroissement de l’accès à l’éducation. Des investissements sont également requis pour assurer l’accès continu de la population étudiante à une éducation de qualité et offrir des possibilités équitables et durables dans les collectivités de l’ensemble du pays.

  • Prévoir un montant minimum de trois milliards de dollars en financement fédéral direct, offert sous forme de transfert aux provinces et territoires distinct, réservé à l’éducation, pour faire en sorte que les universités et les collèges puissent rendre l’éducation plus abordable pour tous et plus accessible aux personnes qui en ont besoin, et régler des questions liées à la précarité d’emploi.

Pour veiller à ce que les provinces collaborent activement au soutien du secteur de l’éducation postsecondaire, ce financement fédéral doit inclure des mécanismes de responsabilisation qui assureront le respect par les provinces de l’utilisation prévue des fonds.

  • Créer un secrétariat ou une direction générale de l’éducation postsecondaire au sein du gouvernement fédéral afin de faciliter la collaboration intergouvernementale et de coordonner une variété d’initiatives touchant entre autres la recherche et la science, l’aide aux étudiants, les données et l’innovation.

Il est temps de s’entendre sur un plan solide à long terme en matière d’éducation postsecondaire et de recherche. Le gouvernement fédéral doit collaborer avec les provinces et les membres du secteur à l’élaboration d’un plan pancanadien de redressement du sous-financement chronique dans le but d’accroître l’abordabilité, l’accès et la qualité.


L’ACPPU est d’avis que le gouvernement canadien a l’obligation d’encourager le développement équitable et suffisant de l’éducation postsecondaire et de la recherche dans toutes les régions du pays en aidant les provinces à assumer les coûts correspondants. Renseignez-vous davantage : Politique de l'ACPPU sur le financement de l'enseignement postsecondaire par les gouvernements fédéral et provinciaux.