Le problème : Un système d’éducation postsecondaire à la traîne
Le système d’éducation postsecondaire souffre d’un sous-financement public si grave qu’il n’est pas prêt à aider le Canada à relever les défis d’un monde post-pandémie et à s’adapter à de nouvelles réalités, dont l’accélération du changement climatique. Avec l’arrivée de la COVID, les universités et les collèges ont été en grande partie laissés en marge de l’aide financière gouvernementale d’urgence. La dernière augmentation de l’investissement fédéral dans le financement de base de l’enseignement postsecondaire remonte à 2008, mais elle a été faite sans entente avec les provinces afin d’assurer que ces fonds servent à renforcer l’éducation postsecondaire. Par conséquent, les améliorations ont été moindres au cours de la dernière décennie.
Voici un aperçu de la situation :
- En raison de la pandémie, le nombre d’inscriptions des élèves de première année et des étudiants étrangers a chuté, tandis que, du coté du personnel académique, le chômage et la charge de travail ont suivi une courbe ascendante.
- En Ontario, les universités ont accusé un déficit d’un milliard de dollars.
- L’Université Laurentienne de Sudbury, en Ontario, a pris une décision sans précédent en déclarant faillite le 1er février de cette année, en mettant à pied plus de 100 personnes et en éliminant des programmes, chamboulant ainsi la vie de milliers d’étudiants, dont la majorité étaient les premiers de leur famille à aller à l’université. L’Université Laurentienne revêt une importance cruciale tant pour les communautés autochtones que pour les communautés francophones du Nord de l’Ontario.
- Face aux coupures provinciales, l’Université Memorial de Terre-Neuve a récemment augmenté de 130 % ses frais de scolarité.
Résultat : une baisse de la qualité de l’enseignement et de la recherche et une hausse des inégalités
Le sous-financement menace d’éroder la qualité du système d’éducation postsecondaire du Canada et contribue à une hausse des inégalités. La recherche scientifique est, du reste, à la traîne, ce qui handicape notre pays face aux grands défis de notre époque, dont la préparation aux pandémies et le changement climatique. La précarité de l’emploi en est l’une des causes : au Canada, un travailleur académique sur trois travaille à contrat, et certains de ces travailleurs gagnent moins qu’un salaire de subsistance. De plus, près de la moitié des étudiants ont une dette d'études lorsqu’ils obtiennent leur diplôme. Des frais de scolarité plus élevés et une augmentation du taux d'endettement viennent handicaper les femmes, les personnes de couleur, les Autochtones, les LGBTQ, les personnes vivant dans des régions rurales ou éloignées à un moment où ces groupes sont déjà confrontés à de plus grandes inégalités à cause de la pandémie. Si notre pays est réellement engagé envers la recherche de qualité et l’équité, nous pouvons et devons faire mieux.
Les chiffres :
- Les travailleurs académiques autochtones sont encore considérablement sous‑représentés : en 2016, ils constituaient seulement 1,4 % des professeurs d’université et 3 % des enseignants au niveau collégial.
- Les enseignants du postsecondaire racialisés, autochtones et de sexe féminin ont moins de chance d’avoir un emploi à temps plein toute l’année.
- Les professeures d’université à temps plein gagnent en moyenne 90 % du salaire de leurs homologues masculins.
- Cet écart atteint son paroxysme dans le cas des enseignantes racialisées des collèges et des professeures racialisées qui gagnent, en moyenne, 63 % et 68 %, respectivement, du salaire de leurs homologues masculins.
- Près de la moitié (46 %) des étudiants diplômés ont une dette d’études.
- Lors de l’obtention du diplôme, la dette d’études s’élève, en moyenne, à 22 276 $.
- La majorité des Canadiens (8 sur 10) s’accordent pour dire que les personnes qui n’ont pas les moyens de faire des études postsecondaires ne devraient être privées de la possibilité d’étudier.
Notre solution : investir dans l’enseignement postsecondaire pour renforcer le Canada
L’ACPPU demande un leadership fédéral solide grâce auquel l’investissement dans l’enseignement et la recherche postsecondaires sera accru afin de stimuler la relance post‑pandémie du Canada. Plus particulièrement, l’ACPPU demande une augmentation de trois milliards de dollars des transferts aux provinces pour l'enseignement postsecondaire public. Parallèlement à ce financement, nous demandons au gouvernement fédéral de travailler avec les provinces à l’élaboration d’une stratégie nationale de l’éducation postsecondaire axée sur l’accès et l’abordabilité pour tous. L’élimination de l’écart concernant le financement de la recherche, l’éducation des Autochtones et l’augmentation des bourses d'études canadiennes font partie des volets à financer en priorité.
Lors d’un sondage récent, l’ACPPU a constaté que :
- la majorité des Canadiens pensent que l’éducation postsecondaire est plus utile que jamais : non moins de 70 % des répondants ont estimé qu’au vu des changements économiques et sociétaux actuels, l’éducation postsecondaire n’a jamais revêtu une importance aussi cruciale;
- lorsqu’on a dit aux répondants que le Canada comptait la plus grande proportion de diplômés postsecondaires par rapport à des pays comparables, deux tiers (65 %) d’entre eux ont estimé que cela faisait du Canada un meilleur endroit où vivre, un point de vue que partagent tous les groupes démographiques, régionaux et socio-économiques. La majorité des Canadiens de toute allégeance politique sont également de cet avis;
- non moins de 93 % des Canadiens poursuivraient des études postsecondaires s’il n’y avait pas de frais de scolarité;
- non moins de 57 % des Canadiens pensent que l’éducation postsecondaire joue un rôle primordial dans la lutte contre le changement climatique.
L'ACPPU a créé cinq documents d'information donnant des détails à propos d'enjeux clés pour le secteur postsecondaire.